Célébrations du 80ème anniversaire de la libération de Monaco

« Monseigneur,
Monseigneur l’Archevêque,
Monsieur le Président du Conseil National,
Mesdames et Messieurs, hauts représentants de la Maison Souveraine et de la Justice,
Mesdames et Messieurs, Conseillers de Gouvernement-Ministres,
Monsieur l’Ambassadeur de France,
Madame l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique,
Monsieur le Maire de Monaco,
Mesdames et Messieurs, représentants du Conseil National et du Conseil Communal,
Monsieur Bradford HICKS,
Monsieur le Maire de Beausoleil,
Mesdames et Messieurs dans vos titres et qualités,
Je suis particulièrement honoré de prendre pour la première fois la parole publiquement devant vous, Monseigneur, devant vous toutes et tous en tant que Ministre d’État de la Principauté de Monaco.
Je suis pleinement conscient de la confiance que vous avez placée en moi, Monseigneur, en me nommant à cette fonction.
J’en suis honoré, et je veux dire ici que je mettrai toute ma détermination et mon énergie à votre service, au service du Prince Souverain, au service de ce beau pays dans lequel j’ai maintenant la chance de servir.
Permettez-moi d’ajouter que je connais Monaco depuis de nombreuses années et que je ressens toujours un profond sentiment d’admiration pour cet État et sa population.
L’Histoire de la Principauté s’est construite, au fil des siècles, grâce à la vision de ses souverains, dans un effort constant de travail et d’adaptation aux changements du monde environnant.
Monseigneur, lors de votre discours d’accession, vous avez dit, en particulier, que vous aviez fait un rêve.
« I had a dream », avez-vous dit.
Que Monaco soit un pays producteur de modèles :
• Modèle de vie
• Modèle de développement
• Modèle de bien-être
• Modèle de paix
La puissance de Monaco doit être une puissance éthique, une puissance modèle.
C’est cela Monaco, et soyez assuré que j’en serai le garant à vos côtés.
Mais ce qui est le plus admirable, c’est le lien indissoluble entre la Dynastie des Grimaldi et cette population, malgré les hauts et les bas et les souffrances de l’Histoire qui ont si souvent lié le destin de la France et de Monaco.
Sans la continuité de cette dynastie, Monaco ne serait plus ce qu’il est.
La reconnaissance et la puissance de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II, en Europe et dans le monde, ne sont plus à démontrer.
Vous venez de rappeler solennellement, Monseigneur, à l’occasion d’une émouvante cérémonie nationale devant le monument aux morts du cimetière, quelle était votre volonté de commémorer officiellement le 80e anniversaire de la Libération de Monaco en 1944.
Vous-même, Monseigneur, avez participé, sur invitation du Président de la République française, aux côtés de nombreux chefs d’État et de gouvernement des pays acteurs de ce moment historique, aux commémorations du débarquement en Normandie le 6 juin, puis à celles du débarquement en Provence, le 15 août dernier.
La veille, mon prédécesseur Pierre DARTOUT a participé à l’inauguration d’une statue en bronze du Général FREDERICK, en partie financée par l’État monégasque, à La Motte, dans le Var, à l’endroit où la First Airborne Task Force, qu’il commandait, a été parachutée dans la nuit du 14 au 15 août 1944.
Car, comme vous l’avez rappelé il y a quelques instants au cimetière, Monseigneur, ce sont les troupes de ce général américain qui ont permis la libération de Monaco le 3 septembre.
Selon le souhait de Son Altesse Sérénissime, j’ai maintenant l’honneur de vous accueillir pour inaugurer, dans le hall du Ministère d’État, l’exposition Monaco libérée ! 3 septembre – 28 décembre 1944, organisée conjointement par la Mission de préfiguration des Archives Nationales, les Archives du Palais et l’Institut Audiovisuel.
Le commissariat a été réalisé par les directeurs de ces institutions, dont, en tant qu’ancien élu de la Drôme, je connais déjà en partie le beau travail, notamment dans le domaine de la valorisation des liens historiques qui rapprochent Monaco d’un certain nombre de collectivités territoriales françaises.
Michaël BLOCHE, Thomas FOUILLERON et Vincent VATRICAN ont travaillé avec Stéphane LAMOTTE, professeur agrégé au Lycée Albert Ier, avec la collaboration de Jean-Charles CURAU, du personnel de la Médiathèque communale et du Service central des archives et de la documentation administrative.
Qu’ils soient remerciés et félicités pour le résultat remarquable de leur travail, qui est présenté avec talent, grâce à une infographie à la fois dense et élégante.
Inédite dans son approche et sa méthodologie, cette exposition couvre une période de un peu plus de 4 mois, du débarquement en Provence le 15 août 1944 à la dissolution du Comité de libération de Monaco le 28 décembre 1944.
Elle propose un focus sur les journées qui ont mené à la Libération et revient en particulier sur l’action des soldats américains qui sont entrés dans le pays le 3 septembre et y sont restés, certains d’entre eux, dans les semaines qui ont suivi, tandis que le gros de l’armée établissait un front à 10 km de la Principauté.
Elle offre également une vision des conditions de vie de la population durant cette période, qui fut parmi les plus dures du conflit en raison des bombardements, des pénuries et de l’isolement.
L’exposition aborde aussi, avec justesse et équilibre, sans excès de rhétorique, l’ébullition politique qui suit la joie de la libération, avec des tentatives d’insurrection, de renversement du pouvoir en place, voire même d’annexion. En conséquence, elle met en lumière la présence cruciale de l’armée française, notamment de la 10e compagnie du 9e régiment de zouaves, et du commissaire de la République, le commandant Jean GIRAUDET, qui a été déterminante pour l’avenir de Monaco car elle a permis de ramener le calme et d’ouvrir une période propice à de grandes avancées sociales.
Bien connu dans la Principauté, le fonds photographique Detaille, pour la première fois rigoureusement documenté et daté, a été particulièrement utilisé, mais la richesse de cette exposition provient également d’une multiplicité de sources, car une quinzaine d’entités ont mis à disposition des images.
Sa qualité tient aussi à l’accès à des sources inédites, parmi lesquelles les précieux témoignages laissés par le docteur Jean DROUHARD, chirurgien de l’hôpital, et par l’enfant du pays Jean DEFLASSIEUX, jeune résistant à Monaco en 1944, et qui fut ensuite, en tant que président du Crédit Lyonnais, une grande figure de la banque française.
Je remercie donc tout particulièrement Madame Elisabeth Bréaud, fille du docteur Drouhard, Madame Huguette Deflassieux, Madame Lucette Deflassieux-Comensoli, veuve et sœur de Jean Deflassieux, ainsi que les représentants et descendants des familles BORGHINI, DETAILLE et LAJOUX, pour leur présence et leur contribution au devoir de mémoire dont ils sont les garants éminents.
À travers l’étude fine et délicate d’une période qui supporte, encore moins que d’autres, l’approximation, cette exposition ravive la mémoire de faits historiques trop peu connus, notamment des jeunes générations.
J’invite donc le public, en particulier les élèves et leurs enseignants, à venir découvrir dans les prochaines semaines le remarquable travail réalisé par l’équipe des commissaires.
Il est indispensable de maintenir cette mémoire, ce devoir de mémoire.
Les jeunes générations devront prendre le relais pour que la flamme de l’histoire ne s’éteigne pas, ne s’éteigne jamais.
Car rien ne serait pire que de devoir raviver les cendres de cette histoire, alors qu’il est tellement plus facile de maintenir cette flamme vivante.
Monseigneur, vous avez voulu faire de cette journée du 80e anniversaire de la libération de Monaco, une journée à la fois solennelle, festive et mémorielle.
Les Monégasques et la population ont répondu présents.
Cette exposition sera accessible pendant 5 mois, jusqu’au 31 janvier 2025, semaine au cours de laquelle sera commémorée l’ouverture des camps de concentration.
D’autres événements seront organisés jusqu’au printemps 2025, dans le cadre du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, notamment par la Médiathèque de Monaco, l’Institut Audiovisuel, la Direction de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports et l’association « Devoir de mémoire ».
Je vous propose maintenant de visiter l’exposition, progressivement et par petits groupes, car nous sommes nombreux.
Mais avant cela, je vous invite,
Monseigneur,
Madame l’Ambassadeur des États-Unis,
Monsieur l’Ambassadeur de France,
Cher Monsieur Hicks,
à vous joindre à moi, afin qu’il vous soit présenté le timbre à l’effigie du général Frederick, émis par l’Office des Timbres de la Principauté.
Je vous remercie de votre attention. »