Le Conseil d’Administration et l’équipe du Nouveau Musée National de Monaco ont appris avec une profonde tristesse la disparition soudaine de Marie-Claude Beaud (22 février 1946 – 29 décembre 2024), directrice de l’institution entre 2009 et 2021. « Grande dame des musées », Marie-Claude Beaud avait très tôt bousculé les règles en convoquant toutes les disciplines artistiques au cœur du musée, et en provoquant des dialogues et des rencontres inédites. Elle a toujours eu à cœur aussi d’élargir et de diversifier les types de publics.
Avec cette marque de fabrique, et la complicité des artistes et des équipes qu’elle a constituées auprès d’elle, elle a marqué durablement les lieux d’art qu’elle a traversés ou créés tout au long de son incroyable parcours : d’abord les musées de Grenoble et de Toulon, la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain à Jouy-en-Josas puis à Paris, l’American Center (Paris), le musée des Arts décoratifs (Paris), le Mudam au Luxembourg et enfin le Nouveau Musée National de Monaco.
À sa famille, à ses proches, et à toutes celles et ceux, artistes, créateurs, commissaires, historiens de l’art, collaborateurs, qui ont eu la chance de croiser son chemin, nous tenons à exprimer nos plus sincères condoléances.
MARIE-CLAUDE BEAUD
Biographie
1965-1968 : Diplôme supérieur d’histoire et d’histoire de l’art à l’Université de Besançon.
1969-1976 : Conservateur adjoint au Musée de Grenoble, aux côtés de Maurice Besset. Marie-Claude Beaud enseigne également à l’Université de Grenoble. Elle s’implique particulièrement dans le graphisme, le design et la bande-dessinée. Elle est envoyée en mission pendant trois mois aux États-Unis, où elle découvre l’art américain et commence à développer un réseau solide.
1976-1978 : Directeur du Musée de Grenoble, Marie-Claude Beaud développe un département éducatif très actif dans les écoles et lycées avec l’aide d’artistes et d’enseignants. Elle travaille avec Thierry Raspail, membre de son équipe et futur Directeur du Musée d’Art Contemporain de Lyon.
1978-1984 : Conservateur au Musée de Toulon, elle ouvre le musée aux artistes contemporains travaillant avec divers types de médias, en particulier la mode et la musique. Elle rend aussi l’invisible visible en ouvrant une partie des réserves au public. Le Musée de Toulon est le premier musée français à acquérir des œuvres de Sigmar Polke et Gerhard Richter. Avec l’aide d’enseignants et d’artistes, elle établit un fort lien éducatif avec les écoles d’art et les universités. En parallèle, elle enseigne à l’École d’Art et d’Architecture de Marseille ainsi qu’à l’Université d’Aix-Marseille.
1984-1994 : À la demande d’Alain-Dominique Perrin, Marie-Claude Beaud devient Directrice Fondatrice de la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Jouy-en-Josas, où elle met en place des résidences pour artistes, présente un programme d’arts vivants de pointe et organise des expositions thématiques majeures, comme, par exemple, « Andy Warhol et le Velvet Underground » en 1990 (avec la reformulation du groupe pour l’occasion). À la fin des années 1980, elle travaille avec l’architecte Jean Nouvel sur l’implantation de la Fondation dans un nouveau bâtiment sur le boulevard Raspail à Paris, qui ouvre en 1994, où elle lance le programme multimédia des Soirées Nomades.
1994-1996 : Directrice générale du Centre Américain à Paris, premier bâtiment de Frank Gehry en France. Pendant ces années, elle ancre la programmation dans la culture urbaine, en co-produisant notamment le festival de musique électronique Global Tekno avec RADIOFG. Le bâtiment sera ensuite vendu à l’État français et abrite aujourd’hui la Cinémathèque. Le Centre Américain existe toujours, sous le nom de Foundation For Arts Initiative.
1996-1999 : Directrice des musées de l’Union Centrale des Arts Décoratifs (Musée des Arts Décoratifs, Musée Nissim de Camondo, Musées des Arts de la Mode et du Textile, Musée de la Publicité), elle gère d’impressionnantes collections qui lui permettent d’organiser de nombreuses expositions sur la culture moderne et contemporaine, comme, par exemple, l’exposition « L’objet désorienté » au Maroc, dont le commissariat était assuré par Jean-Louis Froment, Directeur Fondateur du C.A.P.C. de Bordeaux.
2000-2009 : La Fondation Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean lui confie la direction du Mudam à Luxembourg. Dès son arrivée, elle multiplie les partenariats avec les institutions nationales et internationales et initie, avec les artistes, un programme de commandes ouvert à tous les champs de la création (mode, design, musique,…). Intitulé « Be The Artists’ Guest », ce programme devient rapidement le concept directeur du musée : un lieu de rencontre vivant, conçu de la cave au grenier par les artistes. Le Mudam, dont le bâtiment a été conçu par IM Pei, a ouvert ses portes en juillet 2006 avec l’exposition « Eldorado ».
2001 et 2003 : Commissaire pour le Luxembourg à la Biennale de Venise, elle présente le travail de l’artiste luxembourgeoise Su-Mei Tse, qui remporte en 2003 le Lion d’Or de la meilleure participation nationale, le premier de l’histoire à avoir été attribué à un pavillon en dehors des Giardini.
2005 – présent : Vice-présidente du Conseil artistique de la Fondation Prince Pierre pour le Prix International d’Art Contemporain (P.I.A.C.), aux côtés des directeurs artistiques successifs Jean-Louis Froment, Abdellah Karroum, Lorenzo Fusi et Cristiano Raimondi, elle distingue de nombreux artistes de premier plan et en devenir.
Avril 2009 – Avril 2021 : Directrice du Nouveau Musée National de Monaco, Villa Paloma et Villa Sauber. À son arrivée, sa première mission a été d’ouvrir la Villa Paloma, un bâtiment datant du début du XXe siècle repensé par l’architecte Alexis Blanchi et le muséographe Renaud Pierrard. La Villa a ouvert ses portes en 2010 avec l’exposition « La Carte d’après Nature » (commissaire, l’artiste allemand Thomas Demand).
Distinctions